Le petit lieutenant
Genre : policier
Durée : 1h50
Origine : France - 2005
Réalisé par : Xavier Beauvois / Scénario de : Xavier Beauvois, Guillaume Breaud, Jean-Eric troubat
Avec : Nathalie Baye, Roschdy Zem, Jalil Jespert
Synopsis : Antoine vient de sortir de l'école de Police et intègre la 2ème division de Police Judiciaire. Il est sous les ordres de Caroline Vaudieu. Antoine va alors commencer à apprendre son métier.
Notre avis : Plus qu'un film, "Le petit lieutenant" apparaît comme un véritable reportage sur la Police Judiciaire. Ne vous attendez donc pas à une enquête palpitante, à des courses-poursuites ou à des fusillades mais simplement à vous retrouver plongé au coeur d'une brigade (un réalisme poussé à l'extrême et qui vaut d'ailleurs quelques longueurs au film). "Le petit lieutenant" vous montre une brigade non pas composée de super-héros mais de gens ordinaires traitant des enquêtes banales. Ainsi on va suivre le quotidien de gens simples, avec une vie de famille difficile à gérer, des horaires particulières, des rituels de groupe...
Pour rendre au mieux la réalité du métier de policier, certains personnages sont de vrais flics mais les acteurs maitrisent à merveille leurs rôles. Jalil jespert est excellent en lieutenant hyper-excité par son boulot et se prenant un peu trop pour un cow-boy, Nathalie Baye est très convaincante dans son rôle de femme angoissée mais déterminée et Roschdy Zem s'en sort une nouvelle fois avec les honneurs.
Un film très intéressant, sobre (de par sa réalisation très simple style "caméra au poing", son absence de musique et le jeu des acteurs), nous permettant de découvrir la réalité d'un bien difficile métier.
Ils ont dit :
"Au début, je me suis intéressé aux voyous. J'en ai vu quelques-uns, mais je les ai trouvés trop paranos. Ensuite, des flics m'ont confirmé que les beaux voyous n'existent plus vraiment. Il ne reste que quelques braqueurs de fourgons et des proxénètes russes. La grande délinquance est en col blanc. Donc je suis allé voir les flics et j'ai passé beaucoup de temps avec eux au quotidien. Je n'avais pas prévu que ce serait aussi intéressant comme métier : ça me convient très bien, ça m'a beaucoup excité. Mais je n'y connaissais rien, c'était une découverte totale. Au début, les flics ne m'ont pas montré grand-chose puis, plus ça allait, plus on est devenu potes, plus je suis allé loin." - Xavier Beauvois
"La simplicité, dans ce métier, c'est d'abord d'aller demander aux gens dont c'est le boulot comment ils font. Mais souvent, je prends les vrais. Par exemple, le traducteur dans le film est un vrai traducteur russe de la police judiciaire. Pourquoi s'emmerder à trouver un acteur qui comprend le russe ? Avec les comédiens, on n'a pas d'atomes crochus. Moi, je veux que les mecs soient les personnages, je ne veux pas qu'ils apprennent leur texte avant mais le matin même, au maquillage. Quand tu mets un vrai SDF polonais face à Nathalie Baye, ça marche merveilleusement bien, aucun comédien de théâtre maquillé pour jouer un SDF ne peut faire comme s'il avait passé 25 ans dans la rue à faire la manche et à picoler. Impossible d'avoir ces dents, ce regard, c'est trop dur. Une vie de souffrance, ça ne peut pas s'imiter." - Xavier Beauvois
"La majorité des gens des séries télé n'ont jamais foutu les pieds dans un vrai commissariat, donc s'imaginent des trucs : c'est du grand n'importe quoi. L'autre jour, je voyais une série : les flics sortaient du commissariat avec leur brassard "police" comme des zombies ; mais le brassard police, c'est quand tu arrêtes quelqu'un, tu le mets pour qu'on ne te confonde pas avec un voyou. Les gens s'inspirent des films qu'ils ont vus, qui eux mêmes se sont inspirés de bouquins, des bouquins qui se sont inspirés de films - et comme tout le monde s'inspire de tout le monde mais que personne ne retourne à la source, on en arrive à des trucs abracadabrants." - Xavier Beauvois